Faites-vous partie des gestionnaires d’équipe qui sont passés d’une situation de proximité, de contrôle, à de nouvelles façons de soutenir, d’encadrer et de dynamiser leurs équipes à distance? Vous aurez réalisé qu’une communication renouvelée fait partie de la nouvelle équation.
Que nous apprennent les télétravailleurs d’antan?
Mais d’abord, revenons un peu en arrière.
Le télétravail ne date pas d’hier. En 2001, je publiais un collectif du CEFRIO sous la direction de Liette D’Amours, Télétravail. Concilier performance et qualité de vie.
L’étude avait duré deux ans et avait impliqué de nombreux chercheurs et plusieurs entreprises.
Je vous le donne en mille. Il y a vingt ans, on savait déjà que le mouvement était irréversible…
On y faisait le tour des raisons favorables:
- Des horaires plus souples
- Une baisse de déplacements
- Une meilleure conciliation travail-famille
- Une augmentation de la productivité
- Une réduction des coûts d’espace de bureaux
- Une diminution du taux d’absentéisme
- L’attirance et le maintien du personnel
- Un meilleur aménagement du territoire
- Une meilleure insertion au travail
Les défis d’alors —qui semblent toujours d’actualité— se déclinaient ainsi:
- La détérioration des conditions de travail
- Une diminution de l’apprentissage par la collaboration
- Une réduction de l’espace privé
- Un recul de l’emploi salarié
Un portrait rapide de ces télétravailleurs
À cette époque, les télétravailleurs au Québec représentaient 4% de la population active, soit 1 personne sur 25. Il s’agissait de travailleurs autonomes ou salariés qui exécutaient un travail rémunéré à domicile pendant au moins une journée par semaine, dont l’essentiel se faisait sur ordinateur et qui transmettaient le fruit de leur travail par internet… ou sur disquette!
La plupart de ces travailleurs étaient des professionnels (45%) ou des cadres et des gestionnaires (38%), les employés de bureau (16%) et les techniciens (8%) arrivant loin derrière. Les tâches de ces derniers étaient standardisées.
Les irritants d’alors du télétravail
Si le plus grand nombre des télétravailleurs d’antan se disaient satisfaits ou très satisfaits de travailler à distance, 15% d’entre eux considéraient que l’absence de leurs collègues constituait le principal inconvénient, proportion qui grimpait à 24% chez ceux qui travaillaient exclusivement à distance.
Un télétravailleur sur 10 disait être amené à travailler trop, alors que 6% d’entre eux avaient du mal à se motiver ou à se discipliner. Ajoutons que pour 5% des personnes impliquées le télétravail suscitait l’apparition ou l’augmentation de conflits entre travail et famille.
Impression de déjà vu, n’est-ce pas?
Les nouveaux télétravailleurs de la Covid-19
Vingt ans plus tard, le phénomène est beaucoup plus généralisé. La plupart des nouveaux télétravailleurs n’ont pas choisi le télétravail ou n’avaient pas accès à cette possibilité avant que les entreprises dans lesquelles ils évoluaient aient dû brutalement improviser leur travail à distance.
Ces employés de tout acabit ont vécu un plongeon dans le télétravail, souvent non planifié, avec lequel ils ont dû composer tant bien que mal, s’installant à demeure alors qu’ils n’avaient pas toujours un espace aménagé pour ce faire, que certains couples ont dû cohabiter comme travailleurs dans de petits appartements, que des familles ont dû partager l’espace entre études et travail… et la promenade du chien.
C’est ainsi qu’au début de la pandémie, le personnel en télétravail a bondi à 57% pendant un moment pour osciller autour des 30 à 35% actuellement.
Et les entreprises qui les emploient
Les grandes entreprises, souvent installées dans les tours de bureaux des centres-villes, ont été les plus radicalement chamboulées dans leurs habitudes ainsi que celles, encore nombreuses à ce moment-là, qui résistaient à cette idée, le plus souvent pour des questions de gestion.
Parmi leurs employés, les personnes travaillant au service à la clientèle à distance ont fait partie de celles qui ont été les plus faciles à déplacer et à encadrer. Et pour cause, leur travail et leur relation à l’équipe étaient très peu, voire pas du tout, modifiés. Leurs tâches, leurs scénarios d’intervention étaient déjà très normalisés. Leur relation à leur gestionnaire d’équipe était déjà formalisée.
Il en allait tout autrement des créatifs, habitués à travailler entre pairs, les uns inspirant les autres; des équipes de marketing dans lesquelles on discutait beaucoup et comparait ses idées, les stratégies et tactiques à adopter, où à réagir prestement et de façon coordonnée lors de situations de crise médiatique exigeant des réactions en chaîne rapides; ou encore des gestionnaires d’équipe, habitués à être très présents auprès de leur groupe, pour ne nommer que ceux-là.
Même les travailleurs manuels ou ceux du domaine de la santé ont dû changer leurs habitudes de travail.
Sur le coup, un grand charivari, quoi.
Les mentalités évoluent
Un an plus tard, 70% des gestionnaires semblent avoir troqué leurs hésitations par la reconnaissance du télétravail et l’efficacité professionnelle des télétravailleurs.
Si on se projette dans cette après-crise sanitaire —si tant est qu’elle s’achève vraiment—, cet avenir aura changé par plusieurs aspects, incluant nos anciennes façons de travailler.
Bref, certains d’entre nous travailleront à nouveau au siège social, d’autres pas. Certains travailleront sur place à temps partiel, d’autres pas.
Ceux qui n’ont jamais cessé de travailler sur place —les travailleurs de la construction, les travailleurs des manufactures, des hôpitaux, de l’éducation, etc.— verront tout de même leur environnement, leurs habitudes, leurs façons de faire empreintes de nouvelles formes de sécurité ou de rapports interpersonnels.
Néanmoins, on sait maintenant que la plupart des télétravailleurs souhaitent continuer à travailler à distance quelques jours par semaine… et que les entreprises réfléchissaient actuellement à de nouvelles façons de dynamiser cela.
La communication à la rescousse
Bien sûr, tout n’est pas parfait présentement et il reste des irritants à corriger, dont les communications internes, comme le soulignait un article de Québec sciences, un an après le début de la pandémie.
Quant à vous, j’imagine que vous avez déjà instauré de nouvelles façons de tenir des réunions, des formations et que, sorti de l’urgence, vous êtes précisément rendu à ce moment où vous vous dites qu’il faut améliorer les formules existantes et en créer d’autres.
C’est donc jour après jour qu’on doit chercher à améliorer nos communications alors que nous sommes éloignés les uns des autres et que le retour au bureau ne se fera plus à 100% des effectifs. Il reste du chemin à faire. Avançons.
Parce que les humains sont des êtres relationnels.
Un moyen simple, souvent oublié: recycler le matériel que vous avez déjà
Je vous laisse sur une idée, dont Michelle Blanc traitait au même moment, celle de recycler le matériel que vous avez déjà. Peu importe les moyens de communication que vous comptez développer prochainement (journal interne, blogue, rencontres plus informelles à l’extérieur, etc.) pour rester en lien avec les vôtres, faites d’abord l’inventaire de tout ce qui a été produit avec intelligence dans vos différents départements. Vous serez surpris par son abondance.
Si cette information n’est pas critique, c’est une façon peu coûteuse et hautement humaine de faire connaître le fruit du travail d’une équipe aux autres. Un excellent fonds éditorial, dirais-je! Ça unit l’ensemble des personnes et ça valorise à tour de rôle leurs auteurs.
Je vous reviens sous peu avec d’autres idées.
Une première version de cet article est parue en avril 2021 sur le site isabellequentin.com
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